CRÉATEUR DE PROXIMITÉ DIGITALE, FORMER,TRANSFORMER, RAPPROCHER

Le courant de l’e-Health, laborieusement traduit en « e-Santé » est devenu un vrai marché qui, au niveau mondial, connaîtra une croissance annuelle de 15,8% d’ici 2022. Un rapport de Grand View Research estime que dans 4 ans, le secteur de l’e-Santé pèsera 308 milliards de dollars. Cette transition vers la santé numérique serait même l’une des principales sources de croissance économique dans les pays occidentaux.

Mais l’e-Santé est aussi un marché local. A titre d’exemple, la Région bruxelloise a organisé, en avril, une semaine de l’e-santé dont le but est de mettre à la disposition des patients et des professionnels des solutions médicales tirant parti des technologies de l’information. On parle du Réseau de Santé Bruxellois (RSB) et de la création du coffre-fort Brusafe qui permettent les échanges de données entre tous les professionnels de santé bruxellois, belges et, plus tard, mondiaux. Un investissement de 2,5 millions en 2015-2016.

A Bruxelles, 275 000 patients ont donné leur consentement au partage de leurs données de santé entre les institutions médicales. Il existe d’ailleurs une plateforme de coordination accessible sur son site.

Aujourd’hui, rien que dans la Région-Capitale, 78 sociétés sont actives dans le domaine de l’e-Santé. Elles sont à l’origine de l’ambulance numérique (voir infra), d’une appli de télé-monitoring des maladies chroniques, d’un agenda électronique pour prendre rendez-vous chez le médecin, et même d’une chambre d’hôpital ultra-connectée qui permet de régler la position du lit-fauteuil, l’ouverture des stores, la température de la pièce ou le choix des jeux et des services en ligne. On entre là dans la domotique hospitalière.

Ambulance connectée et appli médicale

Deux applications médicales illustrent l’évolution électronique de l’art de guérir. L’une permet un diagnostic en temps réel durant le transport en ambulance et l’autre offre au patient un dossier médical numérisé  toujours accessible.

L’ambulance connectée, développée par Zebra Academy est une solution de télémédecine qui permet de mettre virtuellement en contact un expert médical avec un patient durant son transfert vers l’hôpital. Cette application embarquée dans l’ambulance met le patient en contact avec un expert via une visioconférence. Le médecin peut questionner le patient tout en disposant des paramètres vitaux mesurés dans l’ambulance. Ce premier diagnostic, réalisé avant d’arriver aux urgences, est notamment utile pour les AVC en faisant gagner 20 minutes entre l’appel du 112 et le scanner à l’hôpital. L’application, réalisée et testée par l’UZ Brussel  (VUB) sera bientôt utilisée par les hôpitaux universitaire d’Erasme et de Saint-Luc, dans le cadre d’un essai clinique.

Un dossier médical mobile, disponible en permanence

L’autre application (iOS et Android) et gratuite, liégeoise et fonctionne sur smartphone. Baptisée Andaman7, elle permet au patient d’emporter avec soi toutes ses données de santé et de les partager avec les médecins de son choix, ainsi qu’avec des personnes de confiance. On imagine son conjoint ou un membre de sa famille. Si vous devez être hospitalisé en urgence, vous-même ou un(e) proche autorisé(e) pourra immédiatement révéler vos allergies (une simple piqûre de guêpe peut être mortelle), les médicaments que vous prenez, vos éventuelles maladies chroniques et les rappels de vaccin. Le petit côté fun est que l’appli va intégrer toutes les infos de votre bracelet connecté sur votre activité physique, votre rythme cardiaque, l’évolution de votre poids, etc. Mais cette dernière fonction n’est disponible que dans l’univers iOS.

Et la sécurité dans tout ça?

La question de la sécurité des données vient immédiatement à l’esprit. Ce type d’application revient à se promener en permanence avec son dossier médical dans son smartphone. Dans les faits, il est possible de savoir tout ce qu’une personne (médecin, kiné, épouse…) a encodé et à quel moment. Le stockage de l’information ne se fait ni sur des serveurs distants, ni dans le cloud. Tout reste sur le téléphone. Durant l’envoi des données (vers le conjoint ou un  médecin), tout est crypté et l’application est protégée par un mot de passe. Enfin, le dossier médical n’est jamais transféré en entier, seule la donnée ajoutée ou modifiée peut être échangée. Mais de là à dire que le « risque zéro » n’existe pas…

Le dossier santé synchronisé (DSS), gadget ou préfiguration de notre futur médical?

La  numérisation des données médicales est inscrite dans les astres. Il existe déjà des réseaux numériques hospitaliers qui se partagent les données des patients: Abrumet pour Bruxelles, le RSW pour la Wallonie et deux réseaux en Flandre. L’attitude de l’Ordre des médecins a aussi évolué sur la question de la numérisation des dossiers médicaux. Les cabinets des ministres De Block (fédéral) et  Prévot (Région wallonne) travaillent également sur le sujet.

Il faut dire que depuis 2002, les données du patient lui appartiennent. Le monde médical ne peut plus interdire ou empêcher l’accès à nos données.

Aujourd’hui, c’est la relation entre le patient et le généraliste qui est la moins automatisée et des applications comme Andaman7 apporte un début de réponse. Mais surtout, la nouvelle génération de médecins, née avec l’outil informatique, est plus enthousiaste.

Comme souvent, l’un des freins vient aujourd’hui du manque de standard en matière de santé 2.0. La Belgique utilise la norme Kmehr, alors que les Américains préfèrent la norme HL7 qui n’a pas été adoptée en Europe. Mais ce n’est pas un obstacle rédhibitoire.

 

Source : https://www.rtbf.be/info/dossier/bon-a-savoir/detail_medecine-2-0-la-sante-numerique-s-invite-dans-nos-smartphones?id=9314588

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