CRÉATEUR DE PROXIMITÉ DIGITALE, FORMER,TRANSFORMER, RAPPROCHER

Doit-on craindre la place grandissante du numérique dans le milieu médical ? Ou est-ce une aubaine pour les médecins et les patients ? À l’heure où les robots commencent à réaliser des actes chirurgicaux complexeset acquièrent de plus en plus d’autonomie, la question semble légitime. « Depuis des années, les big data ont pris la place d’autres méthodes épidémiologiques, le quantitatif domine sur le qualitatif dans l’analyse génétique, l’on peut dire que l’ordinateur l’a emporté sur la subtilité humaine du médecin », analyse Axel Kahn, médecin généticien et directeur de recherche à l’Inserm, lors d’une journée de réflexion sur l’impact du numérique sur les actions médico-sociales organisée à l’hôpital Cognacq-Jay, à Paris, le 16 novembre 2016.

Arrêterons-nous un jour de former des médecins ?

Selon cet expert, le numérique remet en cause la médecine comme spécialité, autrement dit le fait même de former des médecins. « Déjà depuis les années 2000, l’émergence de Wikipédia a transformé la connaissance médicale, avec l’idée que le partage du savoir infinitésimal de milliers de personnes équivaut à celui du spécialiste qui rédigeait jusqu’alors seul ou presque une encyclopédie dans son domaine », avance-t-il. Arrêterons-nous un jour de former des médecins ? L’idée peut sembler absurde, pourtant, elle a déjà été appliquée dans l’Histoire. « En 1793, la Convention a supprimé les facultés de médecine car elle estimait que la population avait toutes les compétences nécessaires pour soigner, et qu’aucun individu ne méritait le privilège d’être médecin », raconte Axel Kahn. Mais au début du 19e siècle, Napoléon Bonaparte a réhabilité ces universités. »

Plateformes, réseaux sociaux, réalité virtuelle pour aider médecins et patients

Le numérique aurait donc beaucoup à apporter aux médecins et aux patients, en témoignent quelques projets présentés lors de cette journée de réflexion. Le premier, Bliss, est une application de réalité virtuelle en 3D qui répond aux besoins de personnes touchées par de graves pathologies et dont le parcours médical est lourd, comme le cancer. Un univers virtuel doux et onirique dans lequel les patients et leurs proches peuvent se retrouver, s’évader et communiquer ensemble, une heure par jour au maximum pour ne pas créer de dépendance. « Nous envisageons d’élargir l’utilisation de cette application aux patients qui souffrent d’anxiété avant un examen médical douloureux (une ponction lombaire par exemple) », explique Mélanie Péron, à l’initiative de ce projet. Dès 2017 sera lancée une grande étude nationale dans cinq centres médicaux français, permettant de valider ou non l’efficacité de Bliss sur la réduction de la douleur (avec un objectif de baisse de 25 %) et de vérifier ses applications médicales potentielles.

Autre projet présenté lors de cette journée, le site Internet « Génération Aidants », développé par des membres de l’hôpital Cognacq-Jay et visant à former à distance, grâce à des vidéos, les aidants qui en auraient besoin, comme les proches des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. « Notre site comprend également un réseau social pour pouvoir poser des questions et un test d’auto-évaluation pour vérifier qu’en tant qu’aidant, l’on n’est pas en situation de burn-out », précisent Maëva Guillemain et Emma Poiret. Autres applications médicales du numérique en plein boom en France : les projets de télémédecine, comme le télésuivi de patients atteints de maladie chronique. « En septembre 2015, nous avons fourni des capteurs contrôlant la glycémie à des personnes diabétiques qui s’étaient lancé un défi : parcourir en vélo la distance entre Bruxelles et Genève« , raconte Emmanuelle Pierga, directrice de la communication d’Orange Healthcare. Cette dernière croit également au développement rapide de la téléconsultation pour pallier le problème des déserts médicaux.

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