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Sur la photo, la croûte est rougeâtre, parsemée d’excroissances de peaux desséchées. Pas de quoi impressionner un dermato, mais pour un médecin généraliste, l’interrogation est totale: «Cortico, antifongique inefficaces. Plaque depuis août. Douleur. Des idées?» En quelques minutes, cette bouteille à la mer a touché son public, non pas sur un forum médical mais sur Twitter. Entre les propositions d’humoristes douteux – «Faut amputer sous le genou… #DeRien», «miam miam miam» – se dégagent des avis éclairés: «eczéma variqueux», «mycose fongoïde». Une aide extérieure bien précieuse pour un médecin indécis au moment de poser son diagnostic.

Sur Twitter, de plus en plus de praticiens questionnent leurs confrères, photos à l’appui s’il le faut, sous le hashtag #DocsTocToc. Une application (Figure 1) de partage de photos existe aussi sur smartphone. La dermatologie y occupe une place de choix. Mais certains publient aussi des radiographies, électrocardiogrammes ou diverses questions sur la posologie des médicaments. Bref, un Vidal à ciel ouvert qui bouleverse peu à peu les habitudes des professionnels. Récemment, «j’ai posé une question sur la conduite à tenir d’une patiente enceinte dont le résultat de sérologie Toxoplasome revient positive à IgM en début de grossesse», indique @Dr_Stephane, l’un de ces nouveaux médecins 2.0, souvent aidé par ses followers spécialisés.

«Les réponses m’ont conforté dans ma prise en charge, avec les recommandations et un avis sur le résultat», poursuit le généraliste. Pour lui, être connecté est aussi un moyen d’être «en avance sur l’actualité médicale.» Ou de briser la solitude de son cabinet de campagne. «En médecine, il n’est pas toujours facile de partager ses problèmes et son ressenti. Avoir le soutien et le retour d’expérience d’autres professionnels de santé présents sur Twitter est très rassurant.» D’autant qu’ils sont nombreux à se poser les mêmes questions, y compris les plus expérimentés.

Après 30 ans de métier en établissement hospitalier, @crisetchuchote est devenue assidue à Twitter. Cette gastro-entérologue répond toujours aux confrères qui l’interpellent. «Dans mon métier ça me fait plaisir d’échanger. Je m’intéresse au corps médical qui exprime énormément ses doutes, ses questionnements, son agacement. Pour nous, c’est un vrai exutoire entre deux rendez-vous.» Mais elle relève aussi quelques dangers potentiels: «Quand on jette quelque chose sur Internet comme ça, tout va très vite. On peut faire des erreurs» souligne celle qui lit parfois des énormités en ligne.

La question du consentement du patient

L’autre écueil majeur concerne la confidentialité de la consultation. Il n’est évidemment pas question de dévoiler l’identité du patient. Les visages ne sont (presque) jamais visibles. Et les médecins tweetent généralement sous pseudo. Pourtant certains ne demandent pas toujours le consentement du malade avant de poster une photo. Enfin, se pose la question du timing. @crisetchuchote s’étonne de voir de nombreux médecins écrire leurs messages pendant leur consultation. Sans le savoir, vous avez peut-être été soigné par une communauté de Twittos.

 

©Photos : De plus en plus de médecins utilisent les réseaux sociaux pour partager leurs expériences et leurs observations. – JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

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