CRÉATEUR DE PROXIMITÉ DIGITALE, FORMER,TRANSFORMER, RAPPROCHER

Doctors_Stacked_JPG_Quadri Unknown

 

Doctors 2.0 & You en est à sa cinquième édition. Comment définir l’esprit du congrès, les grandes thématiques qu’il dessine et les nouveautés qu’il met en lumière ?

 

« Notre objectif est clair : réunir les 4 et 5 juin prochains à Paris un congrès qui soit un « état de l’art », un moment privilégié où se rencontrent des acteurs aux profils différents, des acteurs venus du monde entier qui partagent leur expérience et s’enrichissent de l’expertise des autres.

Doctors 2.0 & You est un lieu d’échange et d’écoute où médecins, scientifiques, experts, industriels de la santé, patients, financeurs s’expriment librement et confrontent leurs idées. Avec une préoccupation commune : briser les clivages et s’extraire des schémas préétablis.

A cet égard, le Congrès abordera une large palette de thèmes à travers les interventions de spécialistes reconnus : objets connectés, intelligence artificielle, informatique cognitive, big data, applications mobiles, communautés en lignes, impression 3 D…S’agissant des nouveautés, je voudrais attirer l’attention sur deux thématiques qui méritent un éclairage particulier. Je pense à la notion de « gamification » que doivent prendre en compte les concepteurs digitaux pour séduire et retenir l’utilisateur et donner ainsi toute sa puissance pédagogique aux « serious games ».

Je pense également à l’émergence des avatars médicaux, ces figures digitalisées qui vont interagir avec le patient et permettre une meilleure prise en charge de son état. »

 

Quel rôle à votre avis peut et doit jouer l’industrie de médicament dans le développement de l’e-santé, avec quelle visée éthique ?

« L’industrie pharmaceutique, de part sa taille et sa complexité, se trouve confrontée à une situation déjà vécue par de très puissants groupes industriels. Leur taille les contraint à chercher les innovations majeures à l’extérieur. D’où l’importance d’un partenariat stratégique avec des start-up qui les nourrissent de leur capacité créatrice.

En matière d’e-santé, je suis persuadée que cette idée fait pleinement sens et qu’un des défis essentiels que doit relever l’industrie pharmaceutique est justement d’identifier ces entreprises novatrices à même d’apporter l’inventivité de leurs ressources qu’l s’agisse d’études, de traitements et d’amélioration de la vie des patients.

Par ailleurs, même si l’industrie pharmaceutique s’inscrit clairement dans une logique légitime de profits, je suis convaincue que les laboratoires auront à cœur d’œuvrer en toute transparence et dans le respect de principes éthiques. A cet égard, la pression des patients, acteurs majeurs de la santé connectée et de leurs associations, va s’intensifier et porter des exigences en matière de transparence et d’éthique auxquelles l’industrie du médicament ne saurait se dérober. »

 

Quelle est, selon vous, la réalité du marché des objets connectés en e-santé ?

« Le marché de l’objet connecté me fait irrésistiblement penser au marché de l’automobile des années 1900: une masse de constructeurs et de marques qui, au fil du temps, ont périclité et disparu pour ne laisser sur le marché qu’une poignée de constructeurs

C’est précisément le cas aujourd’hui pour de nombreux objets connectés d’é-santé conçus comme des copies les uns des autres, leurs fabricants pensant que le marché sera illimité. Au-delà des futilités et des engouements passagers, la question est de savoir ce qui résistera à l’épreuve du temps et des faits.

Aujourd’hui, les produits proposés en e-santé sont des objets du quotidien (balance, tensiomètre..) transformés en objets connectés. Le fossé technologique à franchir est d’une autre nature : il faudra concevoir des objets qui seront de pures créations nouvelles à même d’améliorer en profondeur la situation des malades. Je pense ici aux détecteurs de crises d’épilepsie qui peuvent jouer un rôle préventif très utile, même si la variabilité de l’état des patients rend très complexe leur conception. Ce qui explique que ce type de projet prometteur n’ait pu encore déboucher sur le plan industriel.

Sur cette question du marché de l’objet connecté en santé, je reste optimiste avec mesure et réalisme même s’il est trop tôt pour savoir ce qui va perdurer. Ma seule certitude : aucun progrès en matière de santé n’est concevable sans le numérique. »

 

Dans quelle mesure les patients s’emparent-ils des applications de santé et des objets connectés et comment ceux-ci exercent-ils une influence bénéfique sur la santé des utilisateurs ?

« Ce qui me semble positif et riche de perspectives c’est le fait que les patients eux-mêmes ont changé d’attitude et de comportement sur ces questions. Sous l’effet d’un revirement psychologique surprenant, la peur et l’anxiété face aux nouvelles technologies ont fait place à de l’intérêt voire à de la fascination.

Dans une société française qui vieillit, les seniors occupent une place de plus en plus marquée. Ces seniors sont caractérisés par un fort pouvoir d’achat pour certains d’entre eux et par des dépenses de santé plus importantes que le reste de la population, il est évident que se maintenir longtemps en bonne santé constitue à leurs yeux un enjeu majeur.

Rester en forme, donc moins peser sur les dépenses collectives de sécurité sociale est une question majeure à la fois individuelle et collective. La prévention, grâce aux objets connecté et aux applications constitue un élément clef d’une politique de santé publique réaliste, attentive aux personnes comme aux coûts. En ce domaine, je ne doute pas que l’e-santé joue un rôle essentiel qui ira croissant avec les années.

Par ailleurs, l’e-santé, c’est également de l’information et du partage d’informations. De ce point de vue, les communautés en ligne permettent aux malades de sortir dans une certaine mesure de leur solitude et de leur isolement et de partager avec d’autres leurs interrogations, leur vécu et leurs expériences. »

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la même catégorie