Simulation et numérique : depuis de nombreuses années, le calcul numérique a rendu la simulation « visualisable » et « utilisable ». Avec la formalisation mathématique, la résolution de problèmes physiques, etc. la simulation a épousé le numérique (ou l’inverse). On pourrait même dire que la simulation fait d’emblée penser au numérique et vice versa. Pour aller plus loin avec les environnements virtuels, les jeux vidéo, etc. on ne fait plus la différence. On a tout massé sur un mannequin. Maintenant on a un feedback possible. Le numérique permet ce que les yeux et les oreilles du moniteur ne pouvaient pas voir.
Numérique et santé : les modèles mathématiques et les modèles statistiques ont fait avancer la connaissance sur le comportement des phénomènes sanitaires. La formation par le numérique a pris son essor en France avec les opérations « campus numérique » en 2000 qui a fait passer les initiatives individuelles à un échelon institutionnel (l’économie numérique de la formation..) »
Pour le Pr Staccini, il faut bien comprendre que dans l’expression « simulation numérique en santé », il y a deux aspects :
- « la simulation pour réaliser: avant la réalisation d’un geste, planification d’un geste, modélisation pour anticiper et guider la réalisation (médecine personnalisée)
- simulation pour apprendre: aide à l’apprentissage du professionnel en formation initiale et continue au travers de différentes situations, imaginées, inspirées du réel, etc. »
Les enjeux globaux de la simulation numérique en santé aujourd’hui
Dans la simulation numérique en santé, on peut distinguer différents enjeux.
Un enjeu pédagogique
Pour le Pr Granry, « c’est avant tout un enjeu pédagogique. L’important est de transmettre les connaissances par l’intermédiaire du numérique via les e-learning et les compétences via les outils de simulation ». Les outils de simulation doivent répondre à ces enjeux pédagogiques et « être intégré « naturellement » dans l’environnement (à la fac comme à la maison) de l’étudiant (en médecine et autres professions de santé : infirmières, kiné, pharmacien, sage-femme, etc.) » indique le Pr Staccini. Pour cela « les équipes ne sont pas extensibles et les besoins importants. Il faut généraliser la simulation numérique en santé à toutes les formations initiales en santé. L’enjeu est donc de développer un programme de formation de formateurs. Par exemple, des tuteurs ont été mis en place à Nice pour les 3e année de médecine et ça marche bien ! ».
Un enjeu économique et politique
Le marché mondial de la simulation numérique en santé devrait doubler d’ici 2019 pour dépasser les 500 millions de dollars (1). « Le marché de la simulation est non négligeable et peut permettre la création de nouveaux emplois » indique le Pr Granry. D’autres enjeux économiques sont identifiés par le Pr Staccini : « Comment maintenir techniquement et donc financièrement les outils de simulation développés ? Quel ROI pour une faculté, quel modèle économique pour une formation académique qui ne « vend » rien ? ». Des questions qui n’ont pas encore trouvé de réponses.
Un enjeu de recherche
Il existe un véritable enjeu dans la recherche médicale, biologique. Pour le Pr Granry, « la recherche en numérique fait des bonds incroyables. La recherche en santé, en biologie en particulier, fait de grande avancée notamment avec la simulation moléculaire ». Selon le Pr Staccini, « un autre enjeu est la recherche en simulation, la gamification des interfaces, la gamification de la formation, non pas dans les décors, mais dans les challenges à relever, un défi contre la montre, contre la mort. »
Un enjeu sécuritaire
Comme nous l’avons vu précédemment, un des aspects important de la simulation numérique en santé est la simulation pour réaliser, qui permet notamment de sécuriser les actes médicaux. Elle est notamment de plus en plus utilisée pour « la préparation des interventions en chirurgie en simulant informatiquement les différents actes chirurgicaux » indique le Pr Granry.
Un enjeu technologique
La technologie évolue sans cesse et à très grande vitesse. L’enjeu est donc d’intégrer tous ces nouveaux outils dans la simulation numérique en santé, la rendre mobile (rejouer chez soi, s’entrainer…). La réalité virtuelle ou augmentée en fait partie. Aujourd’hui « il y a d’autres dispositifs, qui partent du réel et l’enrichissent : la réalité augmentée pour guider un chirurgien junior par exemple en salle d’opération » indique le Pr Staccini. « Concernant la simulation numérique a proprement parlé, c’est à dire une simulation sans artefacts, seulement en virtuel numérique, l’enjeu est de pouvoir disposer d’une machine à contextes, à scenarios, à environnements, etc. Un peu comme les ateliers Barbie et Ken, comme les Playmobils, voir même les Legos… L’évolution de ces jeux a suivi l’environnement et les personnages sont contextualisés » poursuit-il.
Le développement de la simulation numérique en France
Aujourd’hui, la simulation numérique en santé se propage en France. Ce n’est plus seulement l’affaire de quelques innovateurs technologiques. « Un élan national est venu relayer les pionniers. Les industriels ont vite compris le ROI sur l’enseignement par simulateur (formation des 3e cycle et des professionnels en exercice) » indique le Pr Staccini.
Elle se manifeste notamment « via les « jeux sérieux » qui se développent beaucoup, notamment en dermatologie autour du psoriasis, ou en psychiatrie, dans l’autisme » précise le Pr Granry. « Ces jeux sont utiles pour les apprenants mais également pour les patients : ils ont un rôle important notamment dans l’éducation thérapeutique » poursuit-il.
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